Les territoires du programme SEIZE ont en commun d’être des territoires où l’énergie et notamment l’électricité doivent être produites sur place. En effet, ils ne sont pas reliés à un réseau électrique ou gazier continental comme c’est le cas en métropole. En découle une dépendance aux importations d’énergies fossiles principalement pour le secteur du transport et de la production d’électricité. Les énergies renouvelables, bien qu’étant en plein développement, restent encore minoritaires. Elles sont pourtant la clé pour une énergie propre, économiquement compétitive et locale.
Les territoires du programmes SEIZE
Bien qu’ayant chacun leurs spécificités, et situés dans des zones géographiques différentes, les territoires du programme SEIZE ont en commun d’être insulaires (à l’exception de la Guyane qui fait partie du continent sud-américain) et non reliés au réseau électrique métropolitain français. On parle de Zones Non Interconnectées (ZNI).
La Corse fait figure d’exception car elle est partiellement reliée à un réseau électrique continental via l’Italie. Cette liaison permet d’assurer environ 1/3 des besoins électriques. Il reste donc 2/3 de la consommation à couvrir par ses propres moyens, ce qui justifie qu’on la considère comme une ZNI.
Du fait de leur insularité, ces territoires ne sont pas – ou partiellement pour la Corse – reliés à un réseau électrique continental. L’approvisionnement énergétique repose donc en grande majorité sur les importations d’énergies fossiles, principalement comme source de carburant pour les transports et comme source d’énergie pour la production locale d’électricité.
De plus, la petite superficie des ZNI ou au contraire la vaste étendue de la Guyane engendrent des contraintes sur les réseaux électriques logiquement limités par leurs tailles, entraînant de fortes contraintes pour la production et la distribution de l’électricité. Ces réseaux sont donc sensibles aux variations rapides de consommation ou de production électrique. L’équilibre offre-demande en électricité est donc une préoccupation constante dans les ZNI, d’autant plus que la capacité de stockage, bien qu’en développement, reste encore faible sur ces territoires.
Consommation d'énergie primaire 2019

L’énergie primaire correspond à l’énergie brute que l’on trouve dans notre environnement : pétrole, gaz, eau, vent, etc. C’est la source d’énergie que nous consommons avant toute transformation.
Quel que soit le territoire considéré, les ZNI sont très dépendantes des énergies fossiles et donc des importations venant de la métropole ou d’autres pays. Seule une faible part de la consommation provient de sources renouvelables et locales. En développant les EnR, non seulement on diminue son impact sur le climat, les énergies fossiles étant émettrices de Gaz à Effet de Serres (GES), mais on diminue aussi la dépendance énergétique de son territoire.
En terme de consommation, La Réunion consomme environ deux fois plus que la Corse, la Guadeloupe ou la Martinique tout en arrivant à maintenir un taux de pénétration d’EnR important par rapport aux autres territoires. Cette consommation est directement corrélée à la démographie et au final un réunionnais consomme en moyenne moins qu’un habitant corse ou guadeloupéen.
La Guyane et Mayotte sortent du lot avec une consommation par habitant faible voir très faible pour Mayotte. Cela s’explique par un accès à l’énergie, et notamment à l’électricité, non homogène au sein du territoire et limité pour une partie de la population. De plus, l’accroissement démographique dynamique dans ces régions et le fait que les foyers soient composés d’un plus grand nombre de personnes entraînent mathématiquement une baisse de la consommation par habitant.
Ces territoires se différencient par contre au niveau du taux d’EnR : la Guyane a un taux particulièrement élevé grâce à sa production électrique majoritairement hydraulique. Au contraire, Mayotte utilise quasiment exclusivement des énergies fossiles.
NB : A ce jour, il n’existe pas de données plus récentes sur Mayotte faute d’observatoire de l’énergie actif. Néanmoins, les données électriques fournies par EDF permettent de dire que les ordres de grandeur du mix énergétique mahorais sont toujours représentatifs et d’actualités.
Répartition de la consommation d’énergie finale par secteur

L’énergie finale correspond à l’énergie consommée par les utilisateurs finaux. Elle prend donc en compte les pertes liées à la transformation, au transport et au stockage de l’énergie pour parvenir aux utilisateurs. Dans toutes les ZNI, c’est sous forme de carburant pour le transport que l’énergie est la plus utilisée. Le second poste étant sous forme d’électricité.
La production électrique à partir de sources renouvelables est variable d’un territoire à l’autre que ce soit au niveau du taux de pénétration des EnR dans le mix énergétique ou dans les moyens de production utilisés. La Guyane, la Corse et La Réunion utilisent principalement l’hydraulique là où la Martinique et l’île de Mayotte misent sur le photovoltaïque. On peut néanmoins noter qu’hormis pour la Guyane, le taux de pénétration reste faible, bien loin des objectifs de la loi visant une autonomie énergétique en 2030. Le cas particulier de la Guyane s’explique par le fait que le réseau électrique est encore peu développé, avec une démographie et une demande électrique faible par rapport aux autres ZNI.
Coût du MWh/électrique

Le coût pour produire de l’électricité est très dépendant du moyen utilisé ainsi que du réseau électrique (transport de l’énergie). En métropole, c’est le nucléaire qui domine la production électrique (70 % environ) permettant d’avoir un coût de production très bas, de l’ordre de 60 €/MWh pour les réacteurs nucléaires existants.
Mais dans les ZNI, ce sont les énergies fossiles qui sont largement utilisées entraînant des coûts bien plus élevés pour ces territoires : en moyenne 290€/MWh. Ce chiffre prend en compte les autres ZNI qui ne font pas partie du programme SEIZE (Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Wallis et Futuna, etc.).
Néanmoins, pour éviter les inégalités entre les territoires, le tarif de l’électricité pour le consommateur final est le même pour tous, qu’on soit métropolitain ou habitant d’outre-mer. Il existe une taxe (la Contribution au Service Public de l’Électricité – CSPE) que chaque utilisateur paie sur sa facture et qui permet d’avoir un tarif unique de l’électricité : c’est le mécanisme de péréquation tarifaire.
D’après l’ADEME, en 2019, les charges du service public de l’électricité au titre de la péréquation tarifaire entre les ZNI et la métropole représentent 1,5 milliard d’euros. Économiquement parlant, il est donc intéressant de développer les énergies renouvelables qui ont un coût de production compétitif par rapport aux énergies fossiles. Par exemple, dans les ZNI, le coût de production du photovoltaïque grande surface est estimé dans un intervalle de 112 à 157€/MWh. De plus, grâce aux progrès technologiques et aux économies d’échelle, le prix de ces technologies diminuent au fil du temps et les coûts de production des installations EnR devraient continuer à baisser.
Plus d’informations : Coûts des énergies renouvelables et de récupération en France
Part des EnR dans la production d'électricité en 2019

La production électrique à partir de sources renouvelables est variable d’un territoire à l’autre, que ce soit au niveau du taux de pénétration des EnR dans le mix énergétique ou dans les moyens de production utilisés.
La Guyane, la Corse et La Réunion utilisent principalement l’hydraulique là où la Martinique et l’île de Mayotte misent sur le photovoltaïque.
On peut néanmoins noter qu’hormis pour la Guyane, le taux de pénétration reste faible, bien loin des objectifs de la loi réclamant une autonomie énergétique en 2030 dans les DROM et en 2050 en Corse. Le cas particulier de la Guyane s’explique par le fait que le réseau électrique est encore peu développé, avec une démographie et une demande électrique faible par rapport aux autres ZNI.
Lire la suite : Vers le développement des EnR pour décarboner l’électricité des ZNI