

Territoire insulaire marqué par l’absence d’interconnexion avec un réseau électrique continental, La Réunion est contrainte de répondre à ses propres besoins énergétiques en important les ressources nécessaires et en les valorisant directement sur place. Cette particularité, commune aux DROM, fait de La Réunion une Zone Non Interconnectée (ZNI).
Le mix électrique réunionnais est majoritairement basé sur l’exploitation des énergies fossiles : 69% de l’électricité est produite à partir de ressources fossiles massivement importées comme les produits pétroliers et le charbon. Limitées, ces ressources sont à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre participant au réchauffement climatique et ayant des conséquences néfastes sur l’environnement et la biodiversité.
En outre, la sécurité d’approvisionnement et de fourniture énergétique est un élément essentiel pour la Réunion. Cela se traduit par une réduction de la dépendance énergétique et par un renforcement de la stabilité du réseau pour assurer une continuité d’alimentation électrique toute l’année sur l’ensemble du territoire. Dans un contexte de développement durable et de lutte contre le changement climatique, la transition énergétique est donc un véritable enjeu pour La Réunion.
Contexte énergétique
Comme l’ensemble des ZNI, La Réunion est fortement dépendante en matière d’approvisionnement énergétique. En 2019, 87,5% de sa consommation d’énergie primaire est issue de l’importation en ressources fossiles : produits pétroliers, gaz, etc. En 2019, du fait des consommations énergétiques de La Réunion, 5,06 tonnes de CO2 sont émises par habitant sur l’année en moyenne.
En outre, la consommation d’énergies fossiles augmente de plus en plus depuis les années 2000 et ce malgré le développement des énergies renouvelables (EnR) : entre 2018 et 2019, une hausse de la consommation d’énergies fossiles de 4,3% est observée. L’essor démographique ainsi que la hausse du niveau de vie, et donc du taux d’équipement des ménages, entraînent une demande en énergie croissante.
La part de l’énergie issue des ressources renouvelables en 2019 stagne à 12,5% du mix énergétique (contre 12,8% en 2018). Les productions locales dépendent des conditions météorologiques (pluviométrie et ensoleillement), peu favorables cette année-là, pour la production hydraulique, photovoltaïque et de bagasse.
Répartition de la consommation d’énergie primaire à La Réunion en 2019
Les ressources énergétiques sont essentiellement affectées au secteur du transport (carburants) et à la production d’électricité, représentant plus de 87 % de l’énergie consommée en 2019. La part restante se partage entre les activités du secteur industriel et agricole et la production de chaleur sur le territoire.
La production d’électricité du territoire
En 2019, l’ensemble des moyens de production de l’île a permis d’injecter sur le réseau électrique réunionnais 3 047 GWh. Une majeure partie de cette production est d’origine fossile (68,8%) et générée par des centrales thermiques au fioul ou au charbon, fortement émettrices de gaz à effet de serre : en 2019, un kilowattheure électrique produit à La Réunion équivaut à 756 gCO2eq rejetés dans l’atmosphère en moyenne.
En outre, la valorisation des résidus de canne à sucre (bagasse), de l’énergie hydraulique et solaire permettent de mesurer en 2019 une part de production d’origine renouvelable de 31,2% contre 36,5% en 2018. Cette baisse s’explique par des conditions inhabituelles très favorables en 2018 pour la production hydroélectrique.
Répartition de la production d’électricité selon la source d’énergie en 2019
La part des énergies renouvelables dans le mix électrique est fortement liée aux productions annuelles hydroélectriques, photovoltaïques et de bagasse. Celles-ci peuvent varier fortement notamment en fonction des conditions météorologiques. L’île de La Réunion reste donc très dépendante aux centrales thermiques notamment pour répondre aux pics de consommation. Or, ces centrales fonctionnent principalement aux énergies fossiles bien que certaines d’entre elles sont capables d’utiliser des moyens de production mixtes : charbon/bagasse ou fioul/bioéthanol.
L’augmentation et la diversification des moyens de production ainsi que le développement de solutions de stockage par batteries sont des enjeux importants pour le territoire pour sécuriser l’alimentation électrique et renforcer son autonomie énergétique.
Les politiques énergétiques du territoire
Le territoire a amorcé sa transition énergétique depuis plusieurs années. En particulier, le Schéma Régional Climat Air Energie de La Réunion (SRCAE), adopté en décembre 2013, fixe des objectifs d’ici 2030, en particulier :
- Réduire de 10% les émissions de Gaz à Effet de Serre en 2020 par rapport à 2011,
- Diminuer de 10% le volume de carburants fossiles importés pour le secteur des transports en 2020 par rapport à 2011,
- Atteindre 50% d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en 2020 et l’autonomie énergétique en 2030.
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, co-élaborée avec les autorités locales réunionnaises, est le volet énergie du SRCAE et fixe les objectifs à l’horizon 2023. Les principaux axes traités sont listés ci-dessous et contribuent à l’atteinte de l’autonomie énergétique de La Réunion en 2030.
- La garantie de la sécurité d’approvisionnement énergétique
Développement de moyens de production de pointe et de secours. - Réduction de la consommation d’énergie fossile dans le transport terrestre
-10% en 2023 par rapport aux consommations de 2014. - Amélioration de la maîtrise de la demande d’énergie
Objectif de réduction de la consommation électrique de 360 GWh, chaque année à partir de 2023. - Le soutien des énergies renouvelables
Le tableau ci-dessous résume les objectifs de la PPE :
En outre, La Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a publié en 2017 un rapport qui identifie le stockage par batteries comme un moyen pour répondre, en partie, aux besoins de flexibilité dans les zones non interconnectées (ZNI). Depuis 2017, la CRE a attribué 10 MW de capacité de stockage à La Réunion.